REORGANISATION TERRITORIALE : Rharous et Djebock crient à la « mascarade administrative » et protestent…
Adopté la semaine dernière par la majorité des membres du Conseil des membres du Conseil national de la Transition (CNT), le projet du nouveau découpage administratif du Mali semble être injuste et inéquitable. Du coup, il est devenu une couleuvre amère très difficile à avaler pour les populations locales qui crient à « une mascarade administrative ».
Si beaucoup murmurent bas leur mécontentement, les populations de Gourma Rharous et celles de Djobock ont crié haut leur opposition farouche à la réorganisation territoriale. A travers une gigantesque manifestation, les Rharousiens réclament l’érection de leur cercle en région. Les populations de Djebock réclament l’arrondissement de Samit et d’Iminas.
Avec le nouveau découpage adopté par le CNT, le Mali compte désormais : un district, 19 régions, 156 cercles, 466 arrondissements, 819 communes, 12.712 villages. « Découpage injuste et inéquitable », indique le chef de village de Rharous. Abdouchakrou Touré de poursuivre : « Normalement et dans le plan initial, le cercle de Rharous devrait être la 20ème région administrative du Mali ». Pour montrer leur mécontentent face à cette injustice flagrante, les populations de Gourma Rharous et environnants étaient massivement dans la rue le jeudi 23 février 2023. L’objectif principal de ladite marche : la réparation d’une injustice extrême faite à l’un des plus vieux cercles du Mali.
Gourma-Rharous, une région naturelle
En effet, Gourma-Rharous est une région naturelle compte tenu de ses potentialités : géographique, géostratégique, écologique, géopolitique, économique et même historique. Ce cercle figurait sur le dernier projet de décret comme étant la 20e région administrative du Mali. Il a été rayé par les autorités de la transition. C’est pourquoi les populations de Gourma-Rharous, vent débout, étaient massivement dans la rue pour réclamer ce qui leur revient de droit. Cela, malgré les caprices de la nature. Les populations du cercle de Gourma Rharous, très déterminées, ont battu le pavé dans un élan de solidarité pour réclamer la région du Gourma, longtemps programmée mais que les politiques ont toujours injustement et curieusement piétinée…
On pouvait lire sur les pancartes : « Non à l’injustice, les communautés des communes du cercle de Gourma Rharous disent oui à la régionalisation du cercle avec Rharous comme chef-lieu de région… » ; « Nous ne baisserons pas les bras face à cette injustice, nous réclamons l’érection de Rharous en région » ; « Oui à Gourma –Rharous, la 20ème région administrative du Mali… »..
En prenant la parole, les notabilités à l’unisson ont indiqué que « désormais rien ne sera plus comme avant jusqu’à l’aboutissement de leur lutte. A savoir : Ériger Gourma-Rharous en région administrative ».
Cette grande manif a été sanctionnée par la remise au représentant de l’État du document de doléances qui comporte la revendication des populations à savoir : le cercle érigé en région administrative, dénommée, ‘’région de Gourma Rharous’’.
Le cercle de Gourma-Rharous, faut-il rappeler, existe depuis 1999, composé de 37 villages et 147 implantations. Il a été divisé en neuf communes rurales. Sa population est d’environ 150 000 et constitué principalement de nomades touaregs et les Maures et les agriculteurs songhay. Le chef-lieu est Rharous, qui a une population d’environ 40 000 habitants. Le cercle est adapté pour les chèvres, les moutons et les chameaux. D’autres bétails sont également élevés. Gossi, situé dans le centre de la région, est un trou d’eau utilisée par les nomades touaregs. À la fin des années 1970, les réfugiés de la sécheresse se sont installés à Gossi afin de pouvoir pratiquer l’agriculture autour du lac. C’est dans ce petit cercle qu’a eu lieu l’accident aérien du rallye Dakar 1986 au cours duquel le chanteur Daniel Balavoine ainsi que l’organisateur du Rallye Paris-Dakar, Thierry Sabine, ont trouvé la mort. Les neufs (9) communes du cercle de Rharous sont : Bambara Maoudé ; Banikane ; Gossi ; Hamzakoma ; Haribomo ; Inadiatafane ; Ouinerden ; Rharous Serere. Au moins depuis 2012, la région est directement concernée par la guerre du Mali.
Djebock en colère
Les populations de Djebock ont emboîté le pas de celles des Rharousiens ce vendredi 24 février 2023. Elles sont sorties massivement pour protester de vive voix contre la réorganisation territoriale, dans laquelle Djebock est désormais cercle avec trois 3 arrondissements (les arrondissements de Djebock central/ chef-lieu Djebock ; de Anchawadji/chef-lieu Samit et de Tacharane/chef-lieu Tacharane). « Mauvais découpage, une mascarade administrative…», fulminent les manifestants très en colère qui brandissaient des banderoles avec des slogans : « Nous populations du cercle de Djebock réclamons l’arrondissement de Samit, Iminas… » ; « Pour la tranquillité à Djebock respectons le choix souverain du peuple… » ; « les auteurs de cette mascarade administrative doivent être retrouvés et arrêtés… » ; « le dernier mot revient à la population ; les populations doivent être consultées dans chaque démarche … » ; « les femmes de Djebock demandent l’arrondissement de Samit, Iminas et…. » ; « la jeunesse de Djebock demande un découpage juste et équitable… »
Agoumour